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Nouvelles mesures concernant l’emploi de salariés étrangers : cadre juridique et sanctions
19 septembre 2024

L’emploi de salariés étrangers en situation irrégulière en France est une problématique délicate qui a fait l’objet de récentes réformes. Le décret du 9 juillet 2024 et la loi « Immigration » du 26 janvier 2024 ont introduit des dispositions précises afin de renforcer les contrôles et sanctions à l’encontre des employeurs ne respectant pas la législation relative à l’emploi des étrangers sans autorisation de travail. Voici un tour d’horizon des nouvelles règles en vigueur.

Délivrance de l’autorisation de travail : un contrôle renforcé

Pour qu’un étranger puisse travailler en France, une autorisation de travail doit être délivrée par le préfet, sous réserve que l’employeur respecte plusieurs conditions. Outre le respect des conditions réglementaires d’exercice de l’activité, l’employeur doit également s’acquitter de ses obligations sociales et déclaratives liées à son statut ou à son activité. La rémunération proposée doit respecter les seuils légaux, notamment le SMIC ou le minimum conventionnel applicable.

Le décret 2024-814 du 9 juillet 2024 a renforcé ces conditions, applicables depuis le 1er septembre 2024. Désormais, l’employeur, ainsi que toute autre partie impliquée dans la relation de travail, comme le donneur d’ordre ou l’entreprise utilisatrice, doivent non seulement respecter les obligations déclaratives mais aussi toutes les obligations sociales en lien avec leur activité. En cas de manquements graves, une demande d’autorisation peut être refusée.

 

Motifs de refus de l’autorisation de travail

L’autorisation de travail peut également être refusée dans certains cas spécifiques. Par exemple, si l’employeur ou les autres parties concernées (donneur d’ordre, entreprise utilisatrice, etc.) ont été condamnés pour infractions liées au travail illégal, pour non-respect des règles de sécurité au travail, ou encore pour aide à l’entrée et au séjour irrégulier en France, cela constitue un motif légitime de refus. La loi couvre également les infractions relatives à l’exploitation humaine ou la falsification de documents.

Par ailleurs, un nouveau motif de refus a été introduit depuis le 1er septembre 2024. Si le projet de recrutement est jugé manifestement disproportionné par rapport à l’activité économique de l’employeur ou de l’entreprise, le préfet peut également refuser la délivrance de l’autorisation de travail.

 

Cas particuliers : travailleurs saisonniers et apprentis détachés

Les employeurs qui souhaitent embaucher des travailleurs saisonniers doivent désormais prouver que le salarié dispose d’un logement décent pendant la durée de son séjour. Cette nouvelle obligation vise à garantir des conditions de vie dignes aux travailleurs saisonniers étrangers.

Quant aux apprentis détachés, l’autorisation de travail peut être demandée non seulement par l’employeur étranger mais aussi par l’entreprise d’accueil en France lorsque le stagiaire vient y parfaire sa formation. Cela facilite les démarches pour les employeurs français et étrangers.

 

Amendes administratives et sanctions financières

La loi « Immigration » du 26 janvier 2024 introduit une nouvelle sanction administrative à l’encontre des employeurs qui emploient des étrangers sans autorisation de travail. Une amende, modulable en fonction de la gravité des faits, peut être prononcée par le ministre de l’Immigration. Elle remplace la contribution spéciale autrefois due à l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII).

Le montant maximal de cette amende peut atteindre 5 000 fois le taux horaire du minimum garanti. En cas de récidive, c’est-à-dire si l’employeur a déjà été condamné pour des faits similaires dans les cinq dernières années, l’amende peut être multipliée par trois, atteignant ainsi jusqu’à 15 000 fois le taux horaire minimum. Toutefois, si l’employeur s’est spontanément acquitté des salaires et indemnités dus au salarié étranger, l’amende est réduite à 2 000 fois ce même taux.

 

Solidarité financière des cocontractants

Une autre mesure introduite par la loi concerne la solidarité financière entre les cocontractants. Toute personne signant un contrat d’une valeur supérieure à 5 000 euros hors taxes est désormais tenue de vérifier que son cocontractant respecte bien ses obligations relatives à l’emploi des étrangers. Cette vérification doit être faite lors de la conclusion du contrat et tous les six mois jusqu’à la fin de son exécution.

En cas de manquement, le cocontractant est solidairement responsable des sommes dues aux salariés étrangers non autorisés à travailler. Le donneur d’ordre dispose d’un délai de 15 jours pour présenter ses observations. Si la solidarité financière est appliquée, les sommes dues doivent être versées sur un compte géré par l’OFII.

 

Les réformes récentes concernant l’emploi des salariés étrangers sans autorisation de travail illustrent la volonté des autorités françaises de renforcer la lutte contre le travail illégal et de garantir des conditions de travail décentes aux travailleurs étrangers. Les employeurs doivent être vigilants quant au respect de leurs obligations, sous peine de sanctions sévères, tant sur le plan administratif que financier. Ces nouvelles dispositions visent également à renforcer la transparence et la responsabilité des différents acteurs économiques dans la gestion de la main-d’œuvre étrangère.

 

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